Giusti Constantin
Italie, 1796 – Zouk (Liban), 1873
Venu au Liban avec les Jésuites en 1831, Giusti a posé, en écho et perspective, le problème du décalage culturel dans l’histoire de la peinture religieuse au Liban. Ce n’était pas celui que posait la confrontation d’une tradition locale à une tradition européenne, comme on le croit souvent en raison du mythe d’une Renaissance arabe du xixe siècle, surgissant quatre siècles après la Renaissance italienne. Il s’agissait plutôt du moment où la peinture s’intégra et se développa, non dans le public, mais chez les peintres eux-mêmes.
Giusti passa au Liban quarante années, et voyagea dans toute la région pour exécuter des commandes de portraits ou de toiles religieuses. Tout jeune, Daoud Corm avait été son assistant à Bzommar. Installé rue de Damas à Beyrouth, il insérait dans la presse de l’époque, notamment dans le quotidien Lissan el Haï, des annonces pour proposer ses services de « peintre de portraits et de paysages ». Il fit du Vatican son légataire universel. Lors de l’incendie et du pillage de la Nonciature apostolique à Beyrouth, en 1975, pendant la bataille des grands hôtels, les miliciens volèrent la vaisselle de Giusti et des toiles italiennes, dont un Guido Reni et une copie lourdement restaurée du Caravage.
Giusti a joué, sur la scène libanaise, un rôle beaucoup plus important que celui qu’on lui prête généralement. Proche des milieux jésuites et cléricaux, il exerça, dans ce circuit ecclésiastique, une sorte de magistère théologique sur l’image.